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Gabacho / Aura Xilonen
Livre
Edité par L. Levi. Paris - 2017
Liborio est un jeune clandestin mexicain de 16 ans qui a réussi à traverser la frontière des Etats-Unis. Sur son chemin, il rencontre des personnes qui lui ressemblent, ou d'autres qui cherchent à lui nuire. Il trouve un petit travail dans une librairie, rencontre l'amour et finit par devenir champion de boxe. Un récit tissé de flashbacks, mêlant argot et mots inventés. Lauréate du Prix des médiathèques de la DLVA, Une Terre, un ailleurs, 2018.
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GABACHO
Aura Xilonen n’a que 19 ans lorsqu’elle publie « Gabacho », son premier roman. Il porte à la fois la fougue de sa jeunesse et la dureté de l’expérience de l’exil qui a été la sienne. Liborio, son héros, est sans famille, sans papier, sans histoire, sans domicile, sans rien du tout ; il ne sait même pas son âge. Il survit, aux prises avec l’extrême violence de cette ville des Etats-Unis dans laquelle il a atterri. Seule la rage de vivre, qu’il a chevillée au corps, fait qu’il existe encore. Il donne lui-même le récit de son quotidien, dans un style argotique qui a lui seul dirait toute la marginalité du personnage, et la force de cette parole donne une écriture puissante, violence, jamais vulgaire, qui embarque d’office le lecteur….. ( sauf si celui-ci refuse le voyage ). Aucune turbulence n’épargne le jeune garçon qui, s’il n’avait pas la conviction de vivre, pourrait être mort dès les premières pages. Et pourtant, le hasard met sur sa route quelques vraies personnes, même s’il serait difficile de parler de « belles » personnes. Et puis surtout, Liborio n’a pas perdu la capacité d’être amoureux, et c’est cette lueur au fond de lui-même qui lui donne cet indéfectible goût de vivre qu’il fait qu’il ne sombrera pas vers le néant. Une histoire rude, mais jamais triste. Une parole violente, mais jamais accusatrice ni agressive. Une écriture qui accompagne le développement du récit. Du langage du début, âpre, souvent monosyllabique et empli de mots que l’on ne comprend pas (l’auteur a placé un glossaire en final du récit), l’écriture, au fur et à mesure que Liborio réapprend à vivre, devient souple et fluide, avec de longues phrase pleines de perspectives et de poésie : « Je marche lentement, très lentement, comme si mes pas battaient ma mesure de toutes les horloges du monde et que je voulais tout retenir. J’ai besoin de temps, de ce temps qui m’échappe. J’ai besoin de ce temps qui me rafistole…….. Ce garçon impulsif, qui rend les coups plus vite qu’il ne les reçoit, est en filigrane un homme plein d’amour au fond du cœur. L’histoire de Liborio est le récit d’une vie qui, au final, est juste belle comme le livre qui la donne. Un coup de cœur, un vrai !
Françoise ROUGIER - Le 05 février 2018 à 13:35